Ils ont dit sur le mariage Beri

Extrait de deux témoignages publiés sur Internet

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Un professeur d'anthropologie à l'Université de New Hampshire, spécialiste des groupes ethniques du Tchad, a fourni l'information suivante au cours d'un entretien téléphonique le 9 juillet 1999. « Les Zaghawa habitent le Nord-Est du Tchad. On les trouve également au Soudan et au Niger. Ils sont en majorité de la religion islamique mais certains membres demeurent animistes.

En matière de mariage et de succession, la loi tchadienne en vigueur est d'inspiration française. Dans les faits cependant, la coutume l'emporte sur la loi écrite chez les Zaghawa comme chez les autres ethnies du Tchad. Ainsi, dans la communauté Zaghawa, qui est une société patriarcale, les enfants appartiennent toujours à la famille du père, qui en hérite la garde après la mort du père. Un conseil de famille détermine à qui, parmi ses membres, sera confiée cette garde. Ce n'est donc pas nécessairement le frère aîné du père décédé qui va hériter de cette responsabilité, quoique le fait d'être aîné dans une famille tchadienne confère à la personne, de manière générale, du respect et des responsabilités plus grandes. C'est la personne à laquelle on confie la garde directe des enfants qui, du même coup, se marie avec la veuve.

Il n'existe ni possibilité de recours ni protection pour une femme qui refuserait de se remarier avec le nouveau mari désigné. Cependant, si elle ou sa famille parviennent à rembourser le coût de la dot à sa belle-famille, elle devient libre de se remarier avec qui elle veut. Toutefois, dans ce dernier cas, elle ne peut pas avoir la garde des enfants. La capacité de rembourser la dot est évidemment fonction de sa capacité financière (richesse et puissance de sa famille, niveau d'instruction etc. ».

Un ancien directeur général de l'École nationale d'administration et de la magistrature de N'Djamena au Tchad (de 1984 à 1989), qui est également membre de l'ethnie Zaghawa et qui réside actuellement à Hull, a signalé ce qui suit au cours d'un entretien téléphonique le 7 juillet 1999.

« Dans le souci de garder les enfants ensemble auprès de leur famille paternelle, une femme qui vient de perdre son époux doit en général se remarier au sein de la famille de son mari décédé. Généralement le futur époux est, dans un premier temps, choisi parmi les frères du défunt s'ils existent et s'ils veulent se marier avec la veuve. Dans le cas contraire, le choix va se faire parmi les demi-frères, ensuite parmi les autres membres de la famille élargie, et enfin parmi les membres du clan.

La femme peut refuser ce genre de remariage, mais dans ce cas-là, elle ne peut partir qu’après avoir remboursé la dot à la famille de son mari décédé. Les enfants quant à eux doivent rester auprès de la famille paternelle. La mère veuve ne peut en aucun cas se remarier avec un homme de son choix sans avoir au préalable remboursé la dot. Dans le cas contraire, les membres de sa belle-famille la menaceraient de mort. Néanmoins, si au sein de la famille du mari décédé, il n'existe aucun prétendant à ce remariage ou si, tout simplement, les candidats éventuels ne veulent pas de la veuve, celle-ci, sans être obligée de rembourser la dot, devient libre de se remarier avec qui elle veut sans courir aucun risque. Elle doit cependant laisser les enfants aux bons soins de sa belle-famille. »

Source: 
http://www.unhcr.org/refworld/country,,IRBC,,TCD,,3ae6ab268a,0.html